Bien démarrer en permaculture, comment préparer le sol et choisir les plants?

jardin permaculture fleurs et légumes

Ça y est vous vous lancez ! Vote jardin est assez grand pour accueillir un potager et vous souhaitez le faire permaculture. Oui, mais comment ? Et surtout quelles plantes choisir, et comment les faire cohabiter ? Car le principe de la permaculture est là, dans la cohabitation. La permaculture ce n’est pas seulement la culture sans pesticides. C’est une vision globale de votre potager, où les relations des plantes entre elles ainsi qu’avec la faune sont prises en compte, dans le but d’améliorer la production tout en donnant plus d’autonomie au développement. Le contexte est également une part importante de votre réflexion. Selon votre région, tous les plants ne s’épanouiront pas de la même manière.
Nous allons faire un tour d’horizon des plants et des associations possibles.

Préparer le terrain

Le potager en permaculture est une école de patience. L’idéal est de préparer le terrain en automne pour des plantations au printemps. L’un des avantages incontestables de la permaculture moderne, c’est de proposer des solutions quelle que soit la qualité de votre sol. Le principe de base est de créer un sol fertile et nourricier. Peu importe que celui de votre jardin soit pauvre, sec, argileux ou caillouteux, vous allez en premier lieu créer un sol fertile.
Pour cela, il existe plusieurs méthodes de préparation des sols. Voici nos deux préférées :

  1. La technique des « lasagnes » : très en vogue actuellement, il s’agit de rendre un terrain fertile en créant un empilement de matières végétales vertes et brunes, tel un compost. Elle peut se faire directement sur le sol tondu, sans plus de préparation. Il faut empiler dans cet ordre : des branchages, puis des feuilles mortes ou de la vieille paille sur une hauteur de 5 cm, puis 5 cm de déchets verts (comme de la tonte de gazon), et continuer à alterner déchets bruns et verts jusqu’à attendre une trentaine de centimètres de hauteur. On termine par une couche de terre, éventuellement enrichie de compost si on souhaite démarrer rapidement les plantations. Il est possible aussi d’ajouter une fine couche de fumier sur le bois.
  2. La Hügelkultur : cette technique est particulièrement adaptée aux régions sèches et s’adaptent parfaitement aux potagers en bacs. Il s’agit d’empiler au centre des buches, troncs d’arbres, branches et broyat ; une mince couche de fumier, puis de recouvrir de terre et de paille. La mise en place est lourde car il faut au préalable créer les bacs de belle taille, mais la mise en œuvre est assez rapide. Les bacs peuvent être en bois, en pierre ou tout autre matériaux. Même la réutilisation de palettes est possible. A Adapter selon vos moyens, votre côté écolo ainsi que l’aspect esthétique souhaité. Les plantations peuvent ensuite se faire rapidement.

Ces deux techniques peuvent être utilisées au choix en butte (c’est-à-dire hors sol pour être surélevé), dans des espaces délimités simplement au sol, ou complétement délimitées en caisson. Il est possible aussi de le faire dans le sol, en décaissant de la terre sur des hauteurs variables. Le choix doit se faire en fonction du climat de votre région. Une butte dans un climat méditerranéen, chaud et venteux n’est pas la meilleure option, car vous exposez une surface de culture importante à une évaporation inutile. Il vaut mieux dans ce cas se contenter de décaisser et préparer le sol avec une faible hauteur de butte.
Avant de démarrer l’élaboration de votre portager, il faudra en premier lieu en délimiter les parcelles, puis réfléchir à l’agencement de vos espaces de culture au sein de ces parcelles. Le but étant de positionner le potager au meilleur endroit possible pour les cultures mais aussi par rapport aux autres usages de votre jardin. Choisissez un endroit ensoleillé de votre terrain pour que vos plantations profitent au maximum de ses bienfaits. Par la suite, créez une ou plusieurs parcelles de culture d’environ 120cm de large, autour desquelles vous pouvez facilement circuler. Si vous souhaitez les accoler à un grillage par exemple, réduisez la largeur et/ou profondeur (tout l’espace doit être à portée de main, 60 à 80 cm maximum). Attention à bien prendre en compte également la hauteur des parcelles par rapport aux allées dans lesquelles vous circulerez. Vous aurez plus de mal à atteindre le centre de grands bac dont le rebord est 80cm au-dessus du sol.
Pour délimiter vos parcelles, vous pouvez utiliser des briques, des planches de bois de récupération non traitées, des pierres, des parpaings. L’intérêt de délimiter les espaces via des allées réside dans le fait que la terre ne sera pas écrasée par des passages aléatoires un peu partout au milieu des cultures, et qu’elle bénéficiera au mieux des bienfaits du compostage et des apports naturels. Bien sûr, dans le cas de cultures en bac surélevées, le problème ne se pose pas.

préparation des sols permaculture

Quelle est la meilleure saison pour démarrer mon potager ?

Grâce à la « fabrication » d’un sol fertile par des apports carbonés et azotés, le potager en permaculture peut se démarrer en toute saison. L’idéal reste tout de même de préparer la terre en fin d’été ou à l’automne, pour lui laisser plusieurs mois pour s’enrichir. Toutefois, pour les plus pressés, nul besoin d’attendre. Certaines graines peuvent être mises en terre à l’automne et produire rapidement. Si vous optez pour une partie de culture sous serre, vous vous affranchissez des contraintes météorologiques de la saison froide ou des aléas climatiques particuliers de votre région.

Quelles associations de plants privilégier ?

Nous allons aborder le grand principe fondateur de la permaculture : les plantations sont interdépendantes, et les placer judicieusement leur apportera donc des bénéfices mutuels. Il existe plusieurs familles de plantes au potager, et en général, il est déconseillé de juxtaposer des variétés de la même famille :

  • les ombellifères : céleri, persil, panais, carottes, fenouil, cerfeuil…
  • les légumineuses : lentilles, fèves, haricots, pois…
  • les solanacées : tomate, poivron, pomme de terre, aubergine, piment…
  • les cucurbitacées : courge, potiron, courgettes, concombre, cornichons, melon, pastèque…
  • les liliacées : poireau, asperge, échalote, ail, persil…
  • les chénopodiacées : blette, betterave, épinards…
  • les brassicacées (ou crucifères) : radis, raifort, navet, chou, rutabaga…

Par exemple, il n’est pas recommandé de placer tomates et poivrons ensemble, ou courges et courgettes sous peine de voir apparaitre des hybrides qui ne sont malheureusement souvent pas comestibles ! Les bons voisinages peuvent être carotte et haricot, navet et lentille, panais et pois par exemple. En revanche, les liliacées ne font pas bon ménage avec les solanacées ou les légumineuses. On éloignera alors l’oignon des aubergines et des haricots.

Quelles associations pour commencer ?

Pour démarrer votre potager en permaculture, nous vous conseillons ces associations de semences potagères simples, qui donneront rapidement une récolte, tout en se protégeant mutuellement. Ces plants productifs seront très valorisants pour une première récolte !

  1. Poireaux et carottes : le poireau éloignera les mouches et les carottes protégeront leurs voisins de la teigne et du thrips (ravageur qui s’attaque aux feuilles, sa présence se détecte grâce aux micro-piqures grisâtres et aux excréments sous formes de minuscules points noirs) ;
  2. Céleris et choux : les céleris protègent les choux des mouches et de la piéride (petite chenille vorace, les œufs de couleur jaune puis orange pâle sont pondus par dizaine de la mi-mai à mi-juin). Quant aux choux ils préserveront les céleris de la rouille ;
  3. Laitues et oignons : Ce sont de parfaits alliés au potager qui « poussent tout seul » et vivent bien avec les autres légumes précités même si on ne trouve pas souvent ce type d’associations dans les jardins traditionnels ! De plus tous deux s’accommodent très bien en salade ou pour accompagner n’importe quel plat.

Pour un potager esthétique, quelles fleurs seront bénéfiques à mes plants ?

Créer un potager en permaculture c’est faire preuve de pragmatisme. Mais cela n’exclut pas l’esthétisme ! De nombreuses fleurs peuvent être bénéfiques à vos semences tout en apportant de la couleur et des formes au potager. Certaines, mellifères, accueilleront les butineurs et pollinisateurs ; d’autres repousseront les nuisibles.

Les plantes mellifères

Favoriser la pollinisation, décorer votre potager, le protéger, les plantes mellifères n’ont que des avantages ! Certaines sont également comestibles.

  • La bourrache : ses feuilles se consomment en beignets, en soupe ou farcies, ses fleurs agrémenteront vos salades des fruits ou de légumes, ou peuvent être cristallisées. La bourrache attirera les abeilles, tout en faisant fuir limaces, doryphores et vers de tomates, elle se plaît particulièrement au cœur des fraisiers ;
  • Le souci : la décoction de fleurs de souci soulage une brûlure en l’appliquant sur une compresse. Le souci fera fuir les mouches blanches du concombre, il appréciera la compagnie des framboisiers ;
  • La phacélie : elle attire les pollinisateurs et étouffe les mauvaises herbes. Elle n’est pas comestible mais servira de paillis pour les nouvelles cultures, elle s’utilise aussi comme engrais vert pour améliorer la structure et la composition du sol.

fleurs de souci dans le jardin

Les plantes protectrices et répulsives à insectes

De nombreuses plantes vous permettront de prémunir joliment votre potager des insectes. En plus, ces plantes sont des aromates parfait pour cuisiner vos légumes ! Parmi les plus efficaces :

  • Eloigner la piéride du chou : ce joli papillon blanc, mais nuisible pour les choux, restera à distance grâce à la sauge ;
  • Eloigner les doryphores des pommes de terre : ils préfèrent aller déguster de la morelle noire ;
  • Faire fuir les limaces : le cerfeuil ;
  • Protéger les tomates du mildiou : quelques plans de basilic ;
  • Eloigner les limaces : des rangs bien compacts de thym.

Des plantes médicinales, pourquoi pas ?

Adepte d’une petite verveine le soir ? Profitez de votre potager pour planter des plantes médicinales pour profiter pleinement du goût des plantes de votre propre jardin. Certaines, sont non seulement délicieuses en infusion, mais sont également bénéfiques pour vos cultures, n’hésitez plus ! A maturité du feuillage ou des fleurs, coupez-les simplement et faites-les sécher en bouquet la tête en bas à une poutre ou une poignée de porte. Elle se conserveront toute la saison dans un contenant hermétique.

  • Romarin : il vous aide à affronter l’hiver et protège notamment des mouches des carottes ;
  • Thym : anti-sceptique il est idéal en cas de rhume et contre les limaces ;
  • Verveine médicinale : Digestive et calmante, elle repousse les pucerons ;
  • Achillée millefeuilles : Contre les troubles digestifs, et les règles douloureuses ; elle est une excellente pollinisatrice auprès des choux.

Permaculture et culture sous abri

Travailler un potager en permaculture ne vous empêche pas de donner un petit coup de pouce à la nature. Selon le climat de votre région, c’est probablement même une étape nécessaire pour préparer de beaux semis résistants, prêts à s’épanouir en pleine terre. Ça peut aussi être un mode de culture complémentaire, sans pour autant rentrer dans l’ineptie de la culture de tomates en janvier. En effet, certaines plantes apprécieront d’être sous abri, car les conditions y seront plus favorables à leur bonne santé. Vous aurez aussi la possibilité de récolter plus tôt, en créant les conditions favorables. La préparation du sol s’y fera de la même manière qu’en permaculture extérieure, toutefois on trouve plus souvent des plants à hauteur d’homme, ou sur table pour les semis. Autant favoriser son confort ! Soyez attentifs lors de la création de votre serre. Vous devez pouvoir l’aérer facilement en été, ou la protéger des rayons du soleil. En hiver, afin que tous les plants et semis s’épanouissent, organisez-les de manières à ce qu’ils ne se fassent pas de l’ombre mutuellement.

Comment la construire ?

Vous pouvez soit acquérir une serre en kit, en bâche souple ou en polycarbonate, facile à monter. Comptez de 500€ à 3000€ selon les dimensions. Et cela, sans les aménagements. Vous pouvez sinon la fabriquez vous-même, en utilisant des matériaux de récupération : bottes de pailles, palettes, bâche PVC transparente, plaques ondulées translucides…
L’emplacement idéal d’une serre est au plus près de la maison, car vos plants auront besoin de soins et d’arrosage réguliers. L’isolation doit être correctement faite, en plaçant par exemple un mur de paille côté nord pour protéger du froid en hiver. Pour l’aération estivale, pensez à ménager une vaste ouverture.
Si vous optez pour un toit en plaques ondulées, c’est l’occasion de récupérer les eaux de pluie pour l’arrosage. L’investissement d’un récupérateur d’eau IBC de 1000 litres (se trouve facilement à partir de 120€) est très vite rentabilisé, de plus vous ancrez un peu plus votre potager dans une culture respectueuse de l’environnement.

serres de jardin pour cultures

Quelles graines choisir et où se les procurer ?

Les semences à choisir sont idéalement reproductibles, c’est-à-dire que grâce à la pollinisation, elles auront un cycle de vie long, et ne produiront pas seulement sur une année contrairement aux semences traditionnelles du commerce qui sont faites pour « vivre » une seule saison. Dans les semences traditionnelles du commerce, les graines, d’une tomate par exemple, sont stériles. Le plant produira des tomates, mais les graines de ces tomates ne permettront pas de préparer de nouveaux plants. Si vous démarrez de zéro, c’est-à-dire en réalisant vos semis vous-même à l’aide de graines du commerce, vous allez vous retrouver face à une offre pléthorique ! Graines bio, hybride F1, non traitées, semences classiques, et ce, à tous les prix.
Pour un potager privé, il n’est pas obligatoire de choisir des graines bio (issues de plantes traitées sans produits phytosanitaires) car votre potager en permaculture sera mené sans ces produits, ce qui rendra votre production bio. En revanche vous soutenez, en faisant ce choix, des producteurs qui n’en utilisent pas.
Comme évoqué plus tôt, nous vous recommandons de choisir des graines reproductibles, qui grâce à la pollinisation pourront produire plusieurs fois de suite. Les graines conventionnelles malheureusement sont souvent programmées pour ne donner qu’une production, et le plant détruit à la fin de la saison.
Les graines hybrides F1 sont intéressantes pour « se faire la main » car elles sont issues de plants sélectionnés pour des qualités précises : croissance rapide, bonne résistance, floraison précoce… En revanche, ces qualités ne se transmettent pas à la génération suivante. Vous serez donc obligés chaque année de racheter des graines. Cela reste c’est une bonne option pour démarrer, vous familiariser avec la culture des légumes, et avoir des résultats rapides et de qualité.
Et le semences libres ou reproductibles ? Le nec plus ultra de la permaculture, les graines reproductibles. D’années en années vos plants transmettront dans leur génétique la résistance au climat, l’adaptation à la terre… Mais cela s’adresse à une culture longue et pérenne. Vous pouvez alors récupérer d’une année sur l’autre les grains de votre production pour les replanter l’année suivante.
Vous pouvez acquérir des graines en jardinerie ou sur internet. Nous vous conseillons pour démarrer les hybrides F1, puis de vous tourner vers des graines reproductibles, afin de tendre vers l’autonomie de votre potager. A titre d’exemple pour acheter vos graines, le semencier Kokopelli propose des graines de qualité, libres et reproductibles, et beaucoup de légumes anciens. La Ferme de Sainte Marthe, propose en bio toutes sortes de graines dont de nombreuses plantes médicinales et aromatique.

Foire aux questions
Est-ce que mes hybrides sont comestibles ?

L’idée de la permaculture est de laisser vivre son jardin en totale autonomie. Au gré des années et des pollinisateurs, deux plants peuvent être inséminés « par hasard », s’ils sont de la même famille, un croisement peut en découler… Une courgette et une courge spaghetti par exemple peuvent tout à fait se reproduire et donner un légume hybride. Malheureusement tous les mariages ne sont pas heureux, ni comestibles. Vous le déterminerez rapidement à cause du goût très amère de ces légumes et fruits.

Puis-je récupérer les graines des légumes du commerce pour les faire pousser ?

Oui et non ! Tout dépend en fait de la graine d’origine du légume sur lequel vous les récupérer. C’est assez facile à savoir en s’adressant à un maraîcher, en revanche en grande surface (bio on conventionnelle) c’est impossible ! Certaines graines (comme les hybrides F1 – voir plus haut) bénéficient de bonnes données génétiques, qui ne sont pas transmises au fruit ni donc aux graines qu’il va renfermer. Vous pourrez alors obtenir des récoltes tout à fait différentes de ce que vous imaginiez…

Comment récupérer les graines de mes légumes pour l’année suivante ?

Au plus fort de la saison, découper simplement le fruit ou le légume pour en récupérer les graines, qui vous rincerez abondamment pour les nettoyer de toute la pulpe. Si les graines sont très visqueuses, vous pouvez les faire tremper 48h pour vous faciliter la tâche. Cela permet aussi de trier les graines, celles qui flottent peuvent être jetées. Ensuite, il suffit de les laisser sécher deux semaines sur un linge propre et de les stocker à l’abri de la lumière (dans une enveloppe, du papier plié, ou une petite boite). Vous pourrez ensuite les utiliser sur le principe de la pépinière pour créer de nouveaux semis et plants et boucler ainsi la boucle.